Accablé le vieux ?
En 1985, celui qui allait devenir pape aurait appelé à la prudence dans l'examen d'une requête visant à défroquer un prêtre qui avait plaidé coupable de violences sur des enfants.
Alors qu'il n'était encore que cardinal, le pape Benoît XVI a appelé en 1985 à la prudence dans l'examen d'une requête visant à défroquer un prêtre qui avait plaidé coupable de violences sur des enfants, lit-on dans une lettre publiée vendredi. Dans ce courrier en latin, traduit pour l'agence Associated Press, Joseph Ratzinger explique à l'évêque d'Oakland qu'il a besoin d'un délai supplémentaire pour "tenir compte du bien de l'Eglise universelle" dans l'examen de la requête, formulée pour la première fois quatre ans auparavant, visant à décharger le père Stephen Miller Kiesle de son ministère.
Le futur pape souligne que les arguments présentés contre le prêtre américain sont "de nature grave", mais il s'inquiète aussi de ce que "pourrait provoquer l'exemption au sein de la communauté fidèle au Christ, particulièrement en raison de la jeunesse des requérants". La publication de ce courrier, dévoilé par les avocats des victimes, intervient après une série de scandales touchant au pape lui-même, accusé d'avoir mal géré des cas d'abus sexuels lorsqu'il était évêque en Allemagne puis quand il occupait de hautes fonctions au Vatican. Selon The Associated Press, qui a rapporté ces faits, le père Stephen Miller Kiesle avait été condamné à trois ans de mise à l'épreuve en 1978 après avoir plaidé coupable d'avoir attaché et battu deux garçonnets dans un presbytère.
Des documents que Reuters s'est procuré auprès d'un avocat des victimes montrent que les réponses ont tardé à venir, que le Vatican a égaré des documents et qu'au final, les responsables du diocèse d'Oakland s'en sont agacés. Le diocèse avait adressé un courrier à Joseph Ratzinger dès 1981, dans lequel Kiesle demandait à ne plus être chargé d'un ministère et le diocèse sollicitait l'accord de Ratzinger pour qu'il soit "libéré de toutes les obligations de la prêtrise, y compris le célibat". Après avoir reçu la réponse de Ratzinger, en 1985, le prêtre George Mockel avait écrit à l'évêque John Cummins: "Ma lecture de cette lettre est qu'en gros, ils vont s'asseoir là-dessus jusqu'à ce que Steve soit un peu plus vieux. Mon sentiment est que c'est malheureux." Michael Brown, porte-parole du diocèse, s'est refusé à commenter ces courriers. "Je pense que cela démontre que le diocèse a fait ce qu'il fallait en 1978, et en 1987 (Kiesle) a été exclu de la prêtrise", a-t-il cependant dit.
Au Vatican, le père Ciro Benedettini, porte-parole en second de l'Eglise, a dit à Reuters que "Ratzinger, alors cardinal, n'a pas dissimulé l'affaire mais voulait l'étudier avec une plus grande attention pour le bien de toutes les personnes impliquées". Il n'a pas souhaité en dire davantage. Pour l'avocat des victimes, Jeff Anderson, "ce que ces documents démontrent de manière irréfutable, c'est que le cardinal Ratzinger lui-même a non seulement retardé l'éviction du prêtre mais a choisi de protéger la réputation de l'église aux dépens du bien-être des enfants". Les documents n'ont pas été mis au jour auparavant parce que les avocats se concentraient sur les poursuites contre le diocèse plutôt que le Vatican, a ajouté Anderson.
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