William Kingdon Clifford est un idéaliste influencé par Spinoza. Sa philosophie s'apparente à celle de Hermann von Helmholtz et Ernst Mach. Il est à l'origine de deux concepts : celui de « substance mentale » et celui de « tribal self » (« moi tribal »). Cette dernière expression, principalement examinée dans l'essai de 1875 intitulé « On the scientific basis of morals », précise la clef de son éthique : la conscience et les lois morales sont construites par le développement dans chaque individu d'un « moi » qui le pousse à adopter un comportement contribuant au bien-être du groupe.
La place importante de Clifford à l'époque s'explique en grande partie par son attitude à l'égard de la religion. Animé par un engagement profond pour la vérité et le dévouement au devoir public, il déclara la guerre aux systèmes ecclésiastiques qui, à ses yeux, favorisaient l'obscurantisme et mettaient les thèses sectaires au-dessus de celles de la société humaine. Le danger était d'autant plus grand que la théologie était toujours en conflit avec le darwinisme . Clifford fut alors considéré comme un défenseur des tendances athées alors imputées à la science moderne.
Il soutenait en particulier qu'il était immoral de croire des choses sans preuve, et ce notamment dans son essai de 1877 intitulé « The Ethics of Belief », qui contient le fameux principe : « il est toujours, partout et pour tout le monde mauvais de croire quoi que ce soit sur la base de preuves insuffisantes ». En cela, il s'opposait directement aux penseurs religieux pour qui la « foi aveugle » (i.e. la foi en dépit d'un manque de preuves) était une vertu. Ce texte fit l'objet d'attaques célèbres de la part du philosophe pragmatiste William James dans son texte intitulé "La volonté de croire". Ces œuvres sont souvent lues et publiées ensemble comme pierres de touche du débat entre foi et évidentialisme.
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