[Après que les appels pour un "bis" du "Va Pensiero" se soient tus, on entend
dans le public : "Longue vie à l'Italie !"]
Le chef d'orchestre
Riccardo Muti : Oui, je suis d'accord avec ça, "Longue vie à l'Italie"
mais... Je n'ai plus 30 ans et j'ai vécu ma vie, mais en tant qu'Italien
qui a beaucoup parcouru le monde, j'ai honte de ce qui se passe dans
mon pays. Donc j'acquiesce à votre demande de bis pour le "Va Pensiero" à
nouveau. Ce n'est pas seulement pour la joie patriotique que je
ressens, mais parce que ce soir, alors que je dirigeais le Choeur qui
chantait "O mon pays, beau et perdu", j'ai pensé que si nous continuons
ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle l'histoire de l'Italie
est bâtie. Auquel cas, nous, notre patrie, serait vraiment "belle et
perdue".
Depuis que règne par ici un "climat italien", moi
... , je me suis tu depuis de trop longues années. Je voudrais
maintenant... nous devrions donner du sens à ce chant ; comme nous
sommes dans notre Maison, le théâtre de la capitale, et avec un Choeur
qui a chanté magnifiquement, et qui est accompagné magnifiquement, si
vous le voulez bien, je vous propose de vous joindre à nous pour chanter
tous ensemble".
C’est alors qu’il invita le public à
chanter avec le Chœur des esclaves. Tout l’opéra de Rome s’est levé. Et
le Chœur s’est lui aussi levé. Ce soir-là fut non seulement une
représentation du Nabucco, mais également une déclaration du théâtre de
la capitale à l’attention des politiciens et de Berlusconi en particulier.
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