Libres Penseurs célèbres : Pierre Sylvain Marechal (1750 - 1803)


Ecrivain, poète, pamphlétaire français, précurseur de l’anarchisme. Fils d'un marchand de vin, Pierre-Sylvain Maréchal suit des études de droit et devient avocat à Paris. A l'âge de 20 ans il publie "Bergeries", un recueil d'idylles, dont le succès lui vaut d'obtenir un emploi de sous-bibliothécaire au collège Mazarin dont il retirera une grande érudition. Admirateur de Rousseau, Voltaire, Helvétius, Diderot, il fréquente un cercle d’auteurs incroyants et développe une philosophie basée sur un socialisme agraire où les biens seraient mis en commun. Les thèmes utopistes de l'âge d'or qu'il reprend dans ses oeuvres sont parfois qualifiés "d'anarchisme utopique".

Ses critiques du pouvoir absolu ("Livre échappé du déluge", 1784) et son athéisme lui font perdre son emploi. Sylvain Maréchal est alors obligé de vivre modestement de ses oeuvres littéraires. Il est condamné à quatre mois de prison pour son "Almanach des Honnêtes Gens" (1788) où il substitue aux saints, des personnages célèbres, annonçant ainsi le futur calendrier révolutionnaire.

Sylvain Maréchal s'enthousiasme pour la Révolution française et défend les pauvres, tout en se montrant un adversaire de l'autoritarisme. Il ne prend pas parti dans le conflit entre les Girondins et les Jacobins et s’inquiète du tour pris par la Révolution. Sa rencontre avec Babeuf et sa conjuration des Egaux, va en faire l’un des précurseurs du mouvement libertaire et l'un des premiers anarchistes (Manifeste des Egaux, 1796). Publiant de manière anonyme après son emprisonnement de 1788, Sylvain Maréchal échappe ainsi aux poursuites judiciaires et peut écrire jusqu'à sa mort. Encore peu soucieux des droits de la femme, comme la Révolution, il rédige en 1801 un texte pour un "Projet de loi portant défense d'apprendre à lire aux femmes".

Voulant délivrer l'homme de toute servitude, Sylvain Maréchal, "l'homme sans Dieu" est sans doute l’un des plus fervents partisans de l’athéisme durant la Révolution Française. Dans "Fragments d'un poème moral sur Dieu" (1780), il remplace le culte de Dieu par celui de la vertu et la foi par la raison. Il parodie la Bible dans "Livre échappé au déluge" (1784) et s’attaque à la religion qu’il considère comme un instrument des gouvernements oppressifs et un moyen d’exploitation sociale et économique. Dans le journal "Révolutions de Paris" dont il est rédacteur en chef, Sylvain Maréchal conduit une virulente campagne anticléricale. Athée tolérant, il consacre la fin de sa vie au développement de l'athéisme en lui donnant ses lettres de noblesse avec le "Dictionnaire des Athées anciens et modernes" (1800).

Bibliographie :
Bergeries (1770), Chansons anacréontiques (1770), Essais de poésies légères suivis d'un songe (1775), Fragments d'un poème moral sur Dieu (1780), Dieu et les prêtres, fragments d'un poème philosophique (1781), L'Age d'Or (1782), Livre échappé du déluge (1784), Almanach des Honnêtes Gens (1788), Apologues modernes, à l'usage d'un dauphin (1788), Dame Nature à la barre de l'Assemblée nationale (1791), Jugement dernier des rois (théâtre, 1793), Manifeste des Egaux (1796), Pensées libres sur les prêtres (1798), Le Lucrèce Français (1798), Culte et lois d'une société d'hommes sans dieu (1798), Les Voyages de Pythagore (1799), Dictionnaire des Athées anciens et modernes (1800), Pour et contre la Bible (1801).

"Cy repose un paisible Athée
Il marcha toujours droit sans regarder les cieux
Que sa tombe soit respectée
L'ami de la vertu fut l'ennemi des Dieux."

(Sylvain Maréchal / Son épitaphe qu'il a lui-même composée)

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