Conseil DVD : "Bernard, ni dieu, ni chaussettes"


Sur les bords de Loire, Bernard Gainier continue bon gré mal gré à cultiver sa vigne et à partager son vin entre amis au « bureau », sa cave. À 73 ans, il a toujours vécu seul et reste fidèle à un mode de vie rural qu’il a toujours connu. Bernard est un gardien de la mémoire. Celle du poète local Gaston Couté, héritier de François Villon, qui connut son heure de gloire dans le Montmartre de la Belle Époque. Les deux hommes, qu’un siècle sépare, ont en commun des idées libertaires et la volonté de témoigner de la condition paysanne des plus humbles. Depuis 25 ans, Bernard écume les salles des fêtes de la région pour faire entendre les textes du poète écrits dans sa « langue maternelle », le patois beauceron.

En 2011, cela fera un siècle que Gaston Couté a retrouvé sa terre natale des bords de Loire. Emporté par la Fée verte (l’absinthe) et la tuberculose, il n’avait pas 31 ans. Étoile filante dans la nuit Montmartroise, son succès dans les cabarets aura duré quelques années. Son personnage de poète-paysan qui dit des monologues en patois a trouvé un écho favorable auprès du public des cabarets artistiques. Mais à partir de 1905 le vent tourne. La France amorce un net tournant idéologique vers des valeurs conservatrices et militaristes. Les portes des cabarets se ferment. Pas question pour lui de renoncer à afficher ses opinions pacifistes et ses idées révolutionnaires. Comme Villon et plus tard Brassens, il perpétuera la tradition médiévale de la chanson de gueux. Ce gueux mendiant, truand ou artiste, pour qui la pauvreté a les traits de l’injustice mais où le fatalisme fait place à la révolte… ou ce gueux vagabond, cheminant au hasard de la vie, libre et jouisseur des plaisirs simples et naturels.
Gaston a grandi au Moulin de Clan où son père était meunier. Bernard est un voisin. Il a toujours vécu dans la ferme familiale à deux cents mètres du moulin. Couté, il l’a toujours entendu, il l’a toujours dit. Puis un jour on lui a demandé de dire en public « Le Christ en boué », « Le Gâs qu’à pardu l’esprit »... C’était il y a 25 ans.

Bernard est une vedette à sa manière, l’oeuvre et la gloire posthume de Couté lui ont permis d’affirmer sa singularité, de jouer les provocateurs mais toujours avec humour et sans se prendre au sérieux. L’essentiel est de faire entendre cette poésie qui nous parlent d’un temps où la vie était plus rude mais où les lendemains chantaient encore…

"Un poète paysan dont le renom grandira tout d'un coup, un jour quelconque dans l'avenir " (Pierre Mac Orlan)


1 commentaire:

  1. Bravo pour cet article sur Couté.
    Je ne connais pas Bernard mais, tout récemment, je suis allé voir un spectable d'Hélène Maurice, Bernard Meulien et Gérard Pierron interprétant Couté. Du beau spectacle et un CD produit par www.petit-chariot.org qui reprend celui-ci. Mais rien ne vaut le spectacle vivant !
    Roland Bosdeveix

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